Cambon la pelouse

Article dans Sud Ouest du 3 Avril : \n\n » Avec ses 16 000 hectares, le vignoble médocain est plus vaste que celui d’Alsace ou de Nouvelle-Zélande. Autant dire qu’au milieu des huit AOC et des milliers de châteaux d’une langue viticole s’étirant sur 60 kilomètres, il est bon que les acheteurs aient des repères et que les nouveaux producteurs accèdent à la « lumière » pour se faire remarquer.\nC’est la logique de la création de l’association Biturica en 2001. « La place de négoce bordelaise, qui réalise l’essentiel des ventes des propriétés, aime peu le changement… Il fallait agir pour aller au-delà des classements historiques. Par affinité, parce que nos vins proviennent de terroirs similaires et que nous produisons tous de l’AOC Haut-Médoc, nous nous sommes associés à neuf propriétés », explique Jean-Pierre Marie, à la tête depuis 1996 du château Cambon la Pelouse (65 hectares), une référence.\n\nLe rapport qualité-prix\n\nC’est d’ailleurs dans les locaux de cette propriété de Macau, à deux pas d’un gros rond-point au sud de la route des châteaux, qu’a eu lieu la présentation du 2008 pendant la semaine. Derrière la petite table, sa nappe blanche et son crachoir, les propriétaires présentent leur dernière création. Ils sont même accompagnés, cette année, de 14 « propriétés amies », comme le château Charmail.\nA la dégustation, le bébé se présente bien : de la matière, des tanins souples, et sûrement un avenir prometteur. « Ces vignerons font de bons vins, le Médoc bouge », assure un acheteur nord-américain. Biturica – du nom du premier cépage cultivé en Gironde au Ier siècle, ancêtre du cabernet – incarnerait donc une nouvelle vague venue du sud de la péninsule.\nIl faut dire que, dans le Médoc, un des vignobles les plus hiérarchisés qui soient, les places sont dures à prendre. Avec les classements de 1855 (une soixantaine de propriétés), des crus bourgeois – avec une nouvelle reconnaissance venant supplanter le classement 2003 déchu – et des crus artisans (respectivement 250 et 40 propriétés), des repères officiels existent déjà.\n« Le rapport qualité-prix est notre atout. On prouve, comme d’autres, que les bons médocs ne sont pas inaccessibles », argumente Martine Cazeneuve, qui a bien compris l’intérêt des « clubs de vignerons » puisqu’elle fait aussi partie de celui des Médocaines (avec les châteaux Loudenne, du Taillan et La Tour de Bessan). Du coup, il n’est pas étonnant que dans le Libournais, où le poids des classements (il n’y en a qu’un) est moindre, les associations de ce type soient plus nombreuses qu’en Médoc.\n\nEntre 12 et 18 euros\n\n« Sur la rive gauche, nos vins se situent entre la finesse des pessac-léognan et la puissance du Nord- Médoc », avance Jean-Pierre Marie. « Avec des prix à la bouteille entre 12 et 18 euros TTC, nous sommes au coeur d’un segment de marché en progression. Au-delà de 20 euros, c’est un autre monde », ajoute-t-il.\nEt faire aller Biturica au-delà de quelques dégustations par an pour mutualiser les moyens de communication ? « Achats de matières sèches (bouteilles…) ? Des salons groupés ? Après réflexion, cela n’a pas abouti. Chacun d’entre nous a ses stratégies, et nous sommes aussi concurrents. »\nAuteur : César Compadre

« Retour aux actualités